Enigmatique Pétrel noir de Bourbon

Enigmatique Pétrel noir de Bourbon

Enigmatique Pétrel noir de Bourbon

Le Pétrel noir de Bourbon (Pseudobulweria aterrima) ou « Timize » est un oiseau marin extrêmement rare endémique de La Réunion, où il est à l’origine de certaines superstitions (en partie à cause de son cri particulier). Longtemps considéré comme disparu, il a été redécouvert dans les années 1970. Il est encore très peu connu avec une population estimée à moins de 50 couples nicheurs. Sa reproduction est restée un mystère jusqu’ 2016 où un nid actif a été découvert dans la Rivière des Remparts.

Morphologie

Procellaridé de taille modeste, le Pétrel noir de Bourbon pèse 284,5 g et mesure 33 cm de long en moyenne pour une envergure allant de 82 à 90 cm. Son plumage est intégralement noir. Il a des pattes bicolores, elles sont roses sur le tarse et la partie proximale de la palmure, et noirs pour le doigt externe et le reste de la palmure. Le bec de ce pétrel est noir, court et robuste.

Ecologie

Le Pétrel de Barau est une espèce océanique se nourrissant dans des zones différentes dans et en dehors de la période de reproduction. Mâles et femelles semblent se nourrir dans les mêmes zones mais les deux colonies non. En période d’hivernage, le Pétrel noir de Bourbon a une vaste répartition dans l’Océan Indien. Le régime alimentaire de ces pétrels est peu connu dû au peu d’individus étudiés. Nous savons en revanche, que durant la période de reproduction, qu’il reste à proximité de l’île où il se nourri de céphalopodes pêchés en surface. En hivernage, le régime alimentaire n’est pas connu mais il semble ne pas être sur le même niveau trophique.

La reproduction de la Timize est restée un mystère jusqu’ 2016 où un nid actif a été découvert dans la Rivière des Remparts. Une autre colonie a été découverte en février 2017 au Rond des Chevrons. Avec ces deux sites, il est supposé que les Pétrels noirs de Bourbon aient des terriers répartis entre 650 et 1200 m d’altitude, dans des remparts avec une orientation sud ou ouest. Ces terries se situent sur des zones peu pentues et sont associés à des ruptures de pente d’au moins 60° dans des jeunes forêts de l’étage mésotherme (dominés par Olea lancea et Monimia rotundifolia).

La saison de reproduction a lieu durant l’été austral. Avec un retour dans les colonies observé dès juillet-août. La période de ponte s’étale de fin septembre à fin novembre, la ponte s’étale jusqu’à mi-janvier et la période d’incubation va jusqu’à mi-février. L’envol des juvéniles va de fin janvier à début avril. Les adultes quittent la colonie en février-mars. Les jeunes des deux colonies n’ont pas les mêmes périodes d’envol, fin-janvier à début-février pour la colonie de la Rivière des Remparts et entre mi-mars et mi-avril pour la seconde colonie.

Menaces

En danger critique d’extinction (CR) sur la liste rouge de l’IUCN le Pétrel noir de Bourbon a fait partie des la listes des 100 espèces les plus menacées. Différentes menaces pèsent sur cette espèce et la perte de chaque individu peut jouer sur la survie de l’espèce.

Le Pétrel noir de Bourbon est victime de la présence de mammifères exotiques envahissants comme le chat (Felis catus) ou le rat (Rattus sp.). Les chats prédatent les adultes et les rats font de la prédation sur les œufs et poussins. Le tenrec de Madagascar (Tenrec ecaudatus) entre en compétition pour l’utilisation des terriers. La pollution lumineuse est un phénomène qui a un impact sur les juvéniles lors de leur premier envol. Ils vont prendre les lumières artificielles pour des reflets de la lune et des étoiles sur la mer. Ils vont s’échouer et ne plus pouvoir redécoller à cause de leur morphologie. A plus grande échelle, le changement climatique pourrait avoir un impact sur les zones d’alimentation et de nidification.

Pour en apprendre plus sur cette espèce différents programmes de conservation existent. Le Pétrel noir de Bourbon fait partie d’un suivi renforcé depuis les années 2000. Des opérations d’améliorations des connaissances a eu lieu avec le programme LIFE+ Pétrels (2014 à 2020). La pollution lumineuse est réduite de mi-avril à mi-mai lors de la période d’envol des pétrels de Barau avec les Nuits Sans Lumières. Il y a des opérations de lutte contre les chats et les rats dans les colonies.